Du substrat bio à base de cheveux pour faire pousser des plantes

Du substrat écologique à base de cheveux mis au points par des chercheurs de Singapour

En utilisant la kératine présente dans les cheveux, des chercheurs pensent tenir un substrat hydroponique optimal.

Du substrat fait à base de kératine organique

L’idée de manger des légumes qui poussent à partir de poils, le plus souvent indésirables, pourrait facilement faire dresser les cheveux sur la tête de pas mal de personnes, mais des chercheurs ont trouvé une nouvelle façon d’utiliser ces déchets organiques comme substrat.

Une équipe de recherche de l’Université technologique de Nanyang (NTU) à Singapour, composée du professeur Ng Kee Woei et du professeur Hu Xiao, ainsi que de sept autres chercheurs de la NTU et de la prestigieuse Université de Harvard, a recherché une méthode pour utiliser la kératine, extraite de cheveux, pour créer un substrat durable. La kératine est un type de protéine, présent aussi bien dans les cheveux et la peau que les ongles, ainsi que dans la laine animale, et les plumes d’oiseaux.

Le professeur Ng Kee Woei a souligné que l’élevage intensif animalier produit de grandes quantités de kératine sous forme de bio-déchets, comme on en trouve en abondance dans la laine, les cornes, les sabots et les plumes. Il détaille :

« Étant donné que la kératine peut être extraite de très nombreux types de déchets organiques, le développement de substrats hydroponiques produits à base de kératine pourrait être une stratégie efficace pour recycler les déchets agricoles, dans le cadre d’une agriculture durable. »

Professeur Ng Kee Woei – Université technologique de Nanyang

Et dans un process de culture hydroponique, les plantes sont cultivées sans sol à proprement parler. Au lieu de cela, un substrat est utilisé, pour servir de structure de support et de réservoir d’eau, et apporter les nutriments. Les substrats hydroponiques utilisés dans l’agriculture urbaine ne servent qu’à maintenir la plante enracinée en place, et à absorber l’eau fournissant des nutriments aux plantes, qui coulent sous le substrat.

Ces milieux de croissance, généralement fabriqués à partir de matériaux non durables et non biodégradables, comme la laine de roche, le polyuréthane et différents types de mousses, créent des déchets polluants lorsque les agriculteurs les jettent après utilisation.

Alors, le substrat fait de kératine-cellulose, créé par les chercheurs de l’Université technologique de Nanyang, qui contient sa propre source de nutriments pour la croissance des plantes, et est capable de les libérer dans des conditions contrôlées, semble une solution intéressante.

Le substrat est fabriqué avec l’ajout de fibres de cellulose, extraites de pâte de bois résineux (comme le pin), ce qui le rend durable, tout en ne laissant aucun déchet polluant après utilisation.

Ce substrat en kératine-cellulose pourrait également être adapté aux besoins nutritionnels spécifiques de chaque plante, pour aider à améliorer la germination, le rendement des cultures et la santé globale des plantes.

Faire pousser des plantes sur des cheveux ?

Les chercheurs ont choisi d’utiliser les cheveux humains parmi tous les biodéchets disponibles car ils sont abondamment disponibles, et contiennent donc de la kératine – une protéine contenant les acides aminés, qui sont une source de nutriments essentiels pour la croissance des plantes. Ces acides aminés aideront à lier d’autres types de nutriments et à les libérer dans des conditions contrôlées, ce qui est important dans l’agriculture urbaine, où la libération optimale des nutriments est cruciale. La kératine est ensuite associée à la fibre de cellulose pour renforcer le substrat, et améliorer ses capacités de gonflement à l’eau. Un fonctionnement proche du rôle des fibres alimentaires dans le processus de digestion.

Le seul inconvénient de ce substrat à base de kératine est qu’il coûte deux à trois fois plus cher à fabriquer que les mousses commerciales actuelles.

L’équipe n’a pas de plans visant à une commercialisation du procédé pour le moment, selon le professeur Ng Kee Woei, mais elle aurait des contacts avec des partenaires dans l’industrie, pour réaliser des premiers tests à plus grande échelle, sur le terrain.