Cyclisme : Mohoric innove et l’emporte

Matej Mohoric victorieux grace à une tige de selle télescopique.

En remportant la 113e édition de Milan – San Remo samedi Matej Mohoric a mis en lumière l’utilisation d’une tige de selle télescopique dans le cyclisme professionnel. Un avantage circonstancié ou une révolution ?

En l’emportant devant le Français Anthony Turgis (TotalEnergies) grâce à l’utilisation d’une tige de selle télescopique dans la descente du Poggio, le coureur Slovène a surpris tous les favoris. A 27 ans, en s’offrant son premier Monument, il ouvre le débat de cet accessoire privilégié par les vététistes.

Ce dispositif qui permet de régler facilement la hauteur de la selle, grâce à une poignée positionnée sur le guidon a un intérêt très clair : baisser le centre de gravité, gagner en aérodynamisme, pour être plus précis dans les trajectoires.

« Les gens ont longtemps rejeté l’idée d’utiliser des tiges de selle télescopiques, mais la technologie est plus avancée maintenant et elles ne pèsent pas beaucoup plus qu’une tige de selle ordinaireC’est aussi sûr dans la circulation et donc à l’entraînement. Vous pouvez mieux freiner. Je pense que c’est aussi un gros avantage en course. »

Matej Mohoric pour Cyclingnews

Le dispositif voit néanmoins son usage réglementé aux hauteurs définis par le règlement, et est jugé alourdir le vélo par une autre partie du milieu cycliste, contre une tige classique.

Une deuxième nouveauté pour le coureur

Le slovène était déjà à l’origine d’une première innovation, depuis interdite : la position Mohoric (ou super-tuck). Elle consiste à se pencher vers l’avant, les avant-bras pliés, avec le fessier sur le cadre, pour gagner en aérodynamisme, et donc de précieuses secondes.

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La position Mohoric

« J’ai détruit le cyclisme une première fois avec le super-tuck et là, je l’ai à nouveau détruit. Maintenant, je pense que tout le monde va commencer à utiliser des tiges de selle télescopiques. Ce sera une chose de plus à laquelle il faudra penser sur le vélo. Ce sera comme la Formule 1. Il y avait juste les pédales d’accélérateur et de frein, maintenant ils ont des centaines de boutons. »

Une performance record

Mohoric a descendu la vingtaine de virages du Poggio à une vitesse record : 53,58 km/h. Soit les quelques trois kilomètres en 3 minutes et 35 secondes, pour douze secondes de mieux que le cycliste irlandais Sean Kelly en 1992 et quatorze que Vincenzo Nibali en 2018. Celui-ci est pourtant le premier a avoir utilisé une tige télescopique.

Enfin, le coureur de la Bahrain – Victorious insiste :

« Avec, je savais que j’avais un énorme avantage. Je me suis entraîné avec, je savais exactement comment l’utiliser et je savais que ce serait dur de me suivre pour les autres. Ça abaisse votre centre de gravité, ça vous donne plus de contrôle. Je savais qu’il n’était pas possible d’aller aussi vite sans ça. »

Une pratique risquée

Reste que la pratique semble très risquée, ce que ne manque pas de relever son compatriote et double vainqueur du Tour de france (2020 et 2021) Tadej Pogacar :

« Cela fait certainement une différence, c’est pourquoi les vététistes de descente les utilisent. Quand il m’a dépassé dans la descente, j’ai vu qu’il prenait beaucoup de risques. J’étais devant, il m’a dépassé et il avait déjà sa tige de selle abaissée. Je lui ai dit qu’il était fou mais je l’ai félicité d’avoir eu l’idée. »

La pratique s’installera-t-elle, ou n’était-ce qu’un accessoire efficace sur un tronçon bien défini ? L’avenir devrait le dire très vite.

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